L’agriculture et l’élevage représentent des secteurs clés de l’économie sénégalaise, contribuant à 15% du PIB national et impliquant environ 70% de la population active. Cependant, ces secteurs font face à des défis majeurs liés au changement climatique et aux inégalités de genre. Dans les zones rurales comme Gonaky, (département de Linguère, au nord du Sénégal), ces défis se manifestent par la baisse de la pluviométrie, l’insuffisance de fourrage en saison sèche et des pratiques d’élevage peu adaptées.

Dans ce contexte, le projet AICCRA Sénégal œuvre pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et pastoraux face aux impacts climatiques. En partenariat avec l’Association pour le Développement Intégré et Durable (ADID) et l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), AICCRA a organisé un atelier à Gonaky visant à renforcer les capacités des agropasteurs, notamment des femmes, pour améliorer la gestion du fourrage et des pratiques d’hygiène de la traite du lait. L'objectif de cet atelier était de fournir des solutions pratiques et adaptées aux conditions locales, afin de favoriser la production durable de fourrage et de lait dans un environnement de plus en plus affecté par les changements climatiques.

Une approche participative pour renforcer les compétences locales

Cet atelier a réuni 70 participants, dont 75% de femmes, dans une dynamique d’échange et d’apprentissage pratique. Conçu pour répondre aux besoins spécifiques des agropasteurs, la rencontre a permis aux participants d’acquérir des compétences sur les techniques de production et de conservation de fourrages nutritifs, accompagnée d'une formation sur les pratiques d’hygiène pour la traite du lait.
Abdou Diouf, géotechnicien et formateur de l’ISRA, a souligné l’importance de l’utilisation des langues locales, telles que le Wolof et le Poular, pour faciliter la compréhension. 

"L’approche participative a été cruciale pour surmonter les obstacles liés à l'alphabétisation et a permis aux femmes de s’exprimer plus librement", a-t-il expliqué. Aissata Abdoulaye Ba, membre de l’ADID, a exprimé sa gratitude, soulignant que cette formation répondait à des besoins concrets : "Jamais nous n’avions reçu une formation aussi pertinente, qui prend en compte nos réalités", a-t-elle ajouté.

Des solutions pratiques pour affronter la période sèche

L’un des principaux enjeux soulevés par les participants était le manque de fourrage pendant la saison sèche, ce qui réduit la production laitière et affecte les revenus des familles, principalement gérés par les femmes. 

Ousmane Alpha Sow, éleveur à Gonaky, explique : "Cette formation nous offre des solutions concrètes pour gérer les périodes sèches et garantir une production laitière stable." Les techniques apprises, telles que la culture de fourrage riche en nutriments, sont essentielles pour maintenir une alimentation saine pour le bétail, surtout pendant les périodes de sécheresse.

L'atelier a également permis aux participants de s'initier aux cultures fourragères, en mettant particulièrement l’accent sur des variétés comme le Pennicetum purpereum (malalfalfa), qui se révèle très adapté à la zone. Des échanges ont eu lieu sur les méthodes de culture, de semis et de récolte, ainsi que sur les techniques de conservation du fourrage par ensilage. Plus de cent éleveurs de la commune voisine de Dodji (nord-est du pays) ont aussi été formés, consolidant ainsi les connaissances techniques dans la région.

Une formation à double impact : hygiène et gestion de la production laitière

Parallèlement à la formation sur le fourrage, une autre session a été dédiée à l’hygiène de la production laitière. L’importance d’une bonne alimentation pour produire du lait de qualité et d’adopter des pratiques rigoureuses d’hygiène a été mise en avant. Les éleveurs ont appris à améliorer la gestion de l’hygiène lors de la traite, un aspect crucial pour garantir la sécurité alimentaire et augmenter les revenus familiaux.

Aïssata Ba, participante à la formation, a souligné l’importance des pratiques apprises : "Ces simples gestes d’hygiène vont améliorer la qualité du lait et, par conséquent, nos revenus." Grâce à cette formation, les participants sont désormais mieux armés pour relever les défis de la production laitière, tout en respectant les normes sanitaires.

Renforcer la résilience des agropasteurs face aux changements climatiques

Au-delà de la production laitière, l'objectif de l'atelier était de renforcer la résilience des agropasteurs face aux défis climatiques. Dr Nadine Worou, coordinatrice du projet AICCRA Sénégal, précise : 

"Cet atelier s’inscrit dans notre vision de renforcer les capacités des communautés locales pour une agriculture et un élevage climato-intelligents. Nous avons accompagné ADID dans la mise en place de cultures fourragères telles que le niébé fourrager, qui sont essentielles pour augmenter la résilience des éleveurs face aux périodes de sécheresse."
L'accompagnement pratique post-formation, assuré par AICCRA Sénégal et ADID, vise à garantir l’application des connaissances acquises sur le terrain et à assurer des résultats durables.

En outre, ce nouveau renforcement de capacités, dans le cadre de AICCRA Sénégal, représente une étape clé pour la promotion d'une agriculture et d'un élevage plus inclusifs, où les femmes occupent une place centrale dans la gestion des ressources et la prise de décision. La clôture de la rencontre a été marquée par des remerciements de la part des participants et des formateurs. Samba Mamadou Sow, président de l'ADID, a conclu : 

"Grâce à cette formation, nous avons des outils pour améliorer nos pratiques et nous sommes désormais mieux préparés pour faire face aux défis climatiques."

Authors 

Nadine Worou, Coordinator, AICCRA Senegal

Abdou Diouf, Geotechnician and senior technical officer at ISRA

Lamine Diedhiou, Communications Specialist, AICCRA Senegal

Binetou Ka, Communication Assistant, ILRI Senegal